Notre histoire

" J’ai commencé ma vie professionnelle dans les arts de la table, un univers où chaque détail compte.

Dresser une table n’était pas qu’un travail : c’était un acte de création. Harmoniser les couleurs, ajuster chaque objet au millimètre, trouver la juste lumière pour faire briller une porcelaine ou un cristal… C’était une véritable mise en scène.

J’expédiais ces merveilles aux quatre coins du monde.

La vaisselle et la cristallerie étant si fragiles, j’ai appris la précision, le soin, le respect des choses belles. Cette école de la minutie m’a donné un œil affûté, un goût pour l’harmonie et la perfection — un regard que j’ai emporté avec moi lorsque j’ai choisi de me consacrer à la mode.

Car la mode est entrée en moi très tôt. Je suis née au Maroc, aînée d’une fratrie de cinq enfants. J’ai grandi dans une maison simple, mais illuminée par ma tante, couturière passionnée, qui me donnait de petits morceaux de tissus. Ces échantillons étaient mes trésors. Je me souviens encore de leur toucher, des taffetas brillants, des caftans ornés de fils d’or… Ces cadeaux étaient mes moments de joie, mes rêves d’enfant.

Mon père, élégant, toujours bien mis dans ses costumes, m’a transmis ce goût de l’allure. Mais il croyait avant tout aux études. Dans ma famille, mes frères et sœurs ont tous fait de longues études. Moi, je n’ai pas suivi cette voie — mais je n’ai jamais cessé de croire qu’un jour, je vivrais de ma passion.

J’ai travaillé dur. J’ai dû m’adapter, deux fois plus que les autres, apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture, prouver ma place. J’ai beaucoup voyagé, j’ai découvert la Californie, où j’ai appris le commerce à l’américaine : l’art de l’accueil, l’esprit d’équipe, la volonté de toujours aller plus loin. J’ai appris à m’intégrer vite, à m’ouvrir aux autres, à faire preuve de curiosité et d’écoute.

Puis, en 2003, j’ai osé : j’ai ouvert ma première boutique. Les banquiers me disaient : « C’est la crise. » Les gens me disaient : « Du haut de gamme dans une petite ville ? Ça ne marchera pas. » J’ai persisté. J’ai cru en mon projet. Et j’ai eu raison : très vite, les plus belles marques m’ont fait confiance — Claude Montana, Thierry Mugler, Dolce & Gabbana, Kenzo… Et les clientes sont venues.

J’ai ouvert ensuite une deuxième, une troisième, une quatrième boutique. Ce fut beaucoup de travail, beaucoup de passion et un immense bonheur de voir mes projets grandir.

Aujourd’hui, après plus de vingt ans dans ce métier et plus de cinquante ans de vie, je peux dire que je suis fière. Fière d’être une commerçante passionnée, une femme d’affaires combative, mais aussi une sœur, une maman, une mamie tout récemment, et une épouse aimée. Je remercie infiniment mon mari, qui depuis le début est mon soutien, mon pilier.

Et ma plus belle fierté est que ma fille Chloé m’a rejointe dans cette aventure. Chloé n’est pas seulement ma fille — c’est une femme belle, compétente et passionnée, qui incarne à son tour cette énergie et cette exigence que j’ai mises dans mes boutiques. Nous formons aujourd’hui un véritable duo, porté par la même flamme. Pour répondre aux demandes de nos clientes depuis des années, nous avons ouvert notre site internet. C’était une évidence : notre univers se devait d’être accessible à toutes, partout.

Mon plus grand bonheur ? Voir mes clientes heureuses. Beaucoup d’entre elles sont devenues des amies. Nous rions, nous parlons de tout —parfois même, nous faisons un peu de psychologie. Je crois profondément aux valeurs du travail. Je crois qu’on n’apprend qu’à travers les épreuves, qu’à travers ses erreurs. C’est dans la chute que l’on forge sa force.

La mode n’est pas un univers superficiel. C’est un monde exigeant,qui demande de la vision, de la générosité, de l’œil pour le détail, de la passion. C’est un monde qui évolue avec la société et qu’il faut sans cesse réinventer. Aujourd’hui, je prends la parole avec humilité mais aussi avec fierté. Je ne l’ai jamais fait auparavant. Je me permets de le faire car ’ai passé la cinquantaine, et parce que mon expérience peut peut-être inspirer d’autres femmes.

Si je devais me définir en deux mots : résilience et persévérance. Je suis la preuve qu’avec de l’acharnement, du courage, et de la passion, on peut se relever, encore et encore — et écrire sa propre histoire.

Julia

 

Mes parents ont toujours travaillé dans le commerce : un papa qui vendait de la porcelaine, et une maman des vêtements.

Et moi, la seule chose que je me disais, c’était : « Jamais je ne ferai du commerce ! »

Je voyais tout le temps qu’ils passaient dans leur boutique — et moi avec. Les sacrifices, les horaires… Mon père travaillait du lundi au dimanche, ma mère donnait tout à ses clientes.

Je passais beaucoup de temps dans la boutique de ma mère. Après le collège, j’allais la rejoindre. J’étais partagée entre l’admiration pour toutes ces belles pièces, et l’impatience que ma maman finisse avec ses clientes.

Je me souviens m’être dit : « Elle vend des vêtements, mais on n’a jamais fait les boutiques ensemble ! »

En grandissant, je voyais le commerce comme un univers superficiel (spoiler alert : mon avis a complètement changé).

Alors j’ai pris un autre chemin : des études d’art à Toulouse, puis un travail à Bruxelles.

Et puis, le Covid est arrivé. Deux mois confinée dans 15 m², sans travail, loin de tout. L’envie de rentrer, de respirer, est devenue trop forte.

À la même période, ma mère cherchait quelqu’un pour l’aider dans sa boutique Sinequanone (notre ancienne enseigne).

« Viens nous aider le temps que ton travail reprenne ! » m’a-t-elle dit.

Vous connaissez la suite ? Je ne suis jamais repartie.

Le commerce a été un véritable apprentissage. De nature timide, il m’a forcée à aller vers les autres, à m’ouvrir, à écouter. Impossible d’être timide ici : il faut accueillir, conseiller, partager.

Et j’ai découvert à quel point ce métier est humain. Nous ne sommes pas là pour “vendre une blouse” ou “encaisser un jean” — nous sommes là pour créer du lien.

J’ai compris aussi que la mode n’a rien de superficiel. Quand une femme choisit un vêtement, elle choisit l’image qu’elle veut renvoyer, la confiance qu’elle veut retrouver. Et elle confie cette mission à celle qui la conseille.

Durant mes études, j’ai fait de l’aide à domicile pour arrondir mes fins de mois. Je ne regrette pas cette expérience : elle m’a énormément appris sur l’échange, la transmission et l’humain.

À une autre échelle, je retrouve aujourd’hui ce même contact en boutique. J’aime les gens, j’aime individualiser chaque personne, chaque tenue, et créer un moment unique à chaque rencontre.

La boutique est devenue une évidence.

Travailler avec ma mère est une chance — et parfois un challenge ! (rire) Nous sommes très fusionnelles, donc oui, il arrive que ça chauffe un peu… mais c’est toujours constructif. Elle m’apprend tellement. Son goût sûr, son expérience, sa vision : c’est la plus belle des formations.

Aujourd’hui, en repensant au chemin parcouru — de Sinequanone à N34 Collection, de la franchise à la boutique indépendante, de la boutique physique au site en ligne — je suis fière. Fière de notre duo, de notre complicité, et de cette aventure que nous construisons jour après jour.

Créative dans l’âme, je trouve à la boutique un véritable terrain d’expression pour mon imagination. N34, c’est bien plus qu’un lieu : c’est une histoire de transmission, d’amour et de passion.

Chloé